Villaluende

Vis­ite de ter­rains agri­coles dans les mon­tagnes de Vil­lalu­ende. Nous roulons dans le cail­lou. Au fond de la val­lée, la riv­ière débor­de. Plus haut, il neige. José pousse le por­tail. J’ai enfilé un polo sur la tête. Il enfonce le bout du pied dans la terre:
- Tu vois, on enfonce pas!
Il me mon­tre l’en­c­los des tau­reaux, le puits foré à qua­tre-vingt mètres, les vignes des anciens. Je grimpe sur des pier­res géantes, piv­ote dans toutes les direc­tions. Sur l’autre ver­sant, coupé du monde, le hameau. Nous croi­sons l’un des deux habi­tants. José baisse la fenêtre côté con­duc­teur, par­le du temps.
- Il fait froid.
- Froid.
Et lui, que fait-il?
- Je me promène.
Nous descen­dons une route caho­teuse. Les maisons sont faites de pier­res ramassées. La corde au cou, une vache broute. A qua­tre kilo­mètres, un autre vil­lage, habité celui-là. Nous pénétrons dans le café. Des hommes jouent aux cartes le béret sur la tête. Le plus petit mesure un mètre dix. Le patron apporte des bouteilles de bière de la taille d’éprou­vettes et offre trois plats de char­cu­terie.
- Les gens d’i­ci sont de bonnes gens, me dit José, si tu te perds, ils t’aideront, je ne dis pas qu’ils t’in­viteront chez eux, mais ils te fer­ont un sand­wich de saucisse et ils te don­neront une coin où dormir à l’abri.