La dérive des situationnistes s’oppose à la routine, c’est à dire à l’espace et au temps rationalisés. Elle revendique le monde contre la société. Mais quand Debord évoque avec nostalgie les décors de Paris, ce n’est pas tant à l’évolution urbaine qu’il faut penser — elle est de toutes les époques — qu’à l’imposition d’un monde construit pour la routine et qui n’exprime que celle-ci. L’histoire à laquelle nous sommes désormais confrontés est celle de la succession de ces routines qui chorégraphient les corps et disposent les esprits à réaliser de façon toujours plus adaptée un programme politique mis au service de l’économie de marché. Jusqu’au moment, prochain, où le programme ne donnant plus de résultat, ses ordonnateurs chercheront des solutions dans le monde et s’apercevront qu’il n’existe plus.