France : les fonctionnaires du chaos. Que font-ils ? Ajouter du verbe au verbe, des lois aux lois, des jurisprudences aux jurisprudences. Puis rentrent chez eux. Le lendemain, ils recommencent.
Mois : mars 2016
Chaos
Tableaux
Dans l’appartement il y a des tableaux. Je les décroche. Ils sont quelconques. Parfois laids. Tableaux sans égard pour le contenu, représentant ceci et cela, une fleur jaune parce que sur la gauche, on a mis un bateau avec un ciel rouge. « Il faut décorer, donc on achète des tableaux », me dis-je. Deux jours plus tard, je suis chez le Chinois pour un presse-agrumes. Les tableaux sont là, sous papier cellophane. Trois à quatre cent tableaux, aux motifs variés, pour un prix débutant à 4 Euros. A la fin de la semaine, les parois de l’appartement sont enfin nus : tous les tableaux sont dans les armoires. Alors, je prépare la chambre de Luv. J’opte pour du bleu. La chambre marine. Draps et rideaux assortis. Et pour finir, jaugeant le résultat, je me dis : « je vais descendre chez le Chinois, il a peut-être des toiles dans le ton ».
Anarchistes
Que les anarchistes détestent les militaires, rien de plus compréhensible : les heurte dans cet état, la mise au service inconditionnel, par l’obéissance, des capacités. Mais on peut aussi admirer la dimension esthétique qu’implique cette approche de stricte valorisation des moyens. Le soldat met tout en œuvre pour parfaire et maintenir des capacités dont la hiérarchie dispose aléatoirement. Le moine, figure antinomique du militaire, est sous cet aspect, proche du soldat.
Enfants
Dans le patio que je traverse pour accéder à l’ascenseur et gagner les toits, on aperçoit par une fenêtre, à toute heure de la semaine, des enfants appliqués à leur devoir, parfois aidés d’une adulte. Je n’ai pas compris s’il s’agit des enfants de cette famille ou d’une mère qui fait école du soir pour les voisins. Le week-end, le store est baissé.
Argent
Amusant de pouvoir acheter sans compter. Mais le plaisir de la consommation ne m’ayant jamais sollicité au-delà du raisonnable, je n’ai pas de frustration à compenser. En revanche, de savoir que même pour la classe moyenne l’accès aux biens nécessaires (comme c’est le cas en Suisse) implique un surcroît de travail, me porte sur les nerfs.