Hier, je me rends à l’épicerie de Klong Chao. Placées le long de l’unique route qui traverse l’île, ces épiceries vendent de l’eau, de la poudre à lessive, des gants, des paquets de biscuits et de l’essence pour motos en bouteilles de 1litre. Je complète mon réservoir, rempli le coffre de bière et cherche dans les étalages. Demander ne va pas sans problème. Au mieux, le lexique correspond au choix de produits exposés. Or, je veux un carnet. J’indique la taille de l’objet, mime un stylo qui court sur la page. Pour ce qui est du papier ne circulent dans l’île que les blocs de quittances et le papier toilettes. Comme je n’ai pas l’air d’avoir la tourista, l’épicier me présente un bloc de quittances. Je fais signe que je veux écrire. D’une main, il fait “non” ce qui signifie plus précisément: “oh non, nous n’avons pas cela! il est tout à fait impossible que nous ayons cela! pourquoi aurions-nous cela?” Je règle mes achats et sors. Je vais démarrer la moto, lorsque l’épicier accourt un coffret à la main.
- Voici, vous êtes mon meilleur client, je vous le donne, c’est pour vous.
Le coffret, en carton recyclé, contient un cahier de jeux pour enfants, un calendrier illustré et un bloc-notes de deux cent pages. Le tout frappé du logo de la compagnie pétrolière nationale et marqué de ce slogan: “knowledge creates sustainability”.