En route pour la lecture, je m’inquiète: le public de Genève n’y comprendra rien, il n’a pas assisté à la première partie de la soirée durant laquelle je lisais des passages clefs. L’organisateur montre une école. C’est là que nous allons. Les préaus sont pleins de noirs. Je ralentis, lui demande ce que c’est. “Que se passe-t-il?” L’organisateur ne répond pas.
- Vous n’étiez pas à l’école ici? Lui dis-je.
- Je ne me souviens plus.
- C’est impossible! L’école, c’est tellement affreux, qu’on se souvient toujours!
Puis je constate que le livre que je porte sous le bras est signé de l’écrivain O.T. Je choisis une page au hasard et m’étonne que ce soit aussi bon. Mais cela ne résoud pas mon problème: comment expliquerai-je un texte que je n’ai pas lu?
Peu après, dans l’agora de l’école, commence l’examen préalable à la lecture. L’examinateur est une femme.
- Le texte traite de la relation du personnage au monde des objets.
- Moi, par rapport aux objets, fait l’examinatrice avec désinvolture, je me sens très libre!
- Non, vous êtes comme tout le monde!
Et comme elle ne veut pas comprendre, je hausse le ton:
- Vous m’obligez à utiliser une vocabulaire philosophique. Les déterminations de l’objet sont incluses dans l’objet.
Elle parle alors de sa retraite, de la nouvelle grille des programmes, de la réforme pédagogique.
Et désespéré, je me dis: “ces pauvres enseignants… ces gens perdus…”