Arasement

Autre signe des temps mau­vais, la cour­toisie régresse, la politesse se perd. Deux incon­nus se croisent, ils bais­sent les yeux, font un pas de côté, se ren­frog­nent, ban­dent leurs mus­cles. La pro­mo­tion de l’in­di­vidu est un leurre. Dans le principe, tout indi­vidu mérite d’être pro­mu; pas dans les faits. Cet arase­ment des con­sciences que pro­duit la démoc­ra­tie débouche sur une hos­til­ité sourde: cha­cun pré­tend, sans savoir à quoi il pré­tend. Rien de plus néfaste que l’ébran­le­ment des hiérar­chies. L’é­gal­ité est néces­saire, l’é­gal­i­tarisme est dia­bolique. Il ouvre la voie à des cat­a­stro­phes poli­tiques majeures. La France marche ici en éclaireur: sur un fond de mis­ère psy­chologique général, elle donne dans le con­struc­tivisme social, cette idéolo­gie mon­strueuse que n’au­rait pas renié Mao — un pro­jet d’éd­i­fi­ca­tion idéal de l’in­di­vidu à par­tir du matéri­au com­mun quitte à obtenir ce matéri­au par l’érad­i­ca­tion de la culture.