Oiseaux

Des passereaux volè­tent au-dessus de la table du bal­con. Je sors pour répan­dre des miettes. J’at­tends. Quand ils revi­en­nent, ils minau­dent. Je me tiens sur  le banc de la cui­sine, der­rière la vit­re. Le plus auda­cieux atter­rit sur la table. Il bon­dit et picore. Les autres lou­voient. Cette table a trou­vé sa fonc­tion. Elle date de l’an­niver­saire de Luv. Petite diamètre, métal orangé. Luv a gran­di. Quinze ans cette année. La table ne l’in­téresse plus. Que puis-je en faire? Par­fois, je pose ma tasse de café. Ou j’é­tends les jambes en tra­vers de son plateau. Cela ne dure pas. Je suis appelé. Je me lève. Je quitte le bal­con. Ces temps, mon désamour des objets est à son comble. Longtemps, j’ai trans­for­mé du tra­vail en argent, de l’ar­gent en objet, avant de tourn­er le dos aux objets. Au mépris du temps. Ces oiseaux sont une récom­pense. Déjà je me demande ce qu’ils devien­dront la semaine prochaine, avec le froid, après mon départ. La table ne sera plus sur le balcon.