Depuis quelque temps, je m’intéresse aux hirondelles. J’aime leur vol équivoque, leur chants effilés, leurs vrilles nocturnes, leurs trajectoires dans le soleil, la force qu’elles conservent dans le corps au milieu des chaleurs de Castille. Je les entends au-dessus de ma tête, je me souviens avec ravissement des meilleurs après-midi de Gimbrède. En juin, je les ai croisées à Montealegre, près de Valladolid, dans un paysage ocre aux faades jaunes et aux volets clos. Dans les verres, l’eau était chaude, dans les champs, il y avait surtout du ciel et j’ai le grand bonheur de les retrouver ce soir, jouant au-dessus du toit, sur la colline, à Fribourg, comme je suis seul dans l’immeuble — il faut que je m’y intéresse, que je voie si elles perçoivent certains avantages à l’absence d’homme, que nous ne pourrions, par définition, percevoir.