Examen

A Büm­pliz-Nord pour assis­ter à l’ex­a­m­en de C., le terme exa­m­en étant inap­pro­prié car il s’ag­it en fait — de quoi s’ag­it-il en fait? A ma descente de train, C. est sur le quai. Elle me guide vers un ancien bâti­ment indus­triel trans­for­mé en école d’art. Salles hautes de pla­fond, couloirs où cir­culeraient des camions. Les élèves n’en sont que plus frag­iles. A la cafétéria, l’équipe de ser­vice se lève pour nous servir. Je mange ce que con­ti­en­nent les bacs de cui­sine: fenouil aux cèpes et gâteau de polen­ta. C. com­mande un ham­burg­er que le chef lui con­fec­tionne der­rière de grands par­avents d’a­lu­mini­um. Il l’ap­porte ensuite sur la ter­rasse où dînent au soleil élèves et pro­fesseurs, déguisés en artistes, en tout une dizaine de per­son­nes. Puis nous pas­sons sous la gare pour rejoin­dre un autre bâti­ment, lui aus­si indus­triel, posé sur l’herbe. Un pon­ton de bois per­met de rejoin­dre la porte prin­ci­pale depuis le trot­toir. Le sol est-il mou­vant? Le gazon dan­gereux? A moins que ce pon­ton ne soit une œuvre d’art? Au rez, un per­son­nage à barbe, un anneau vis­sé dans les nar­ines et vêtu d’un kilt goth­ique expose des instru­ments de tor­ture en bois. Aucun vis­i­teur. Nous prenons place à l’é­tage dans une salle de trente mètres de côté. Arrivent les experts. On me tend des mains, je tends la mienne. C. annonce qu’elle va lire un pas­sage de son texte, puisque ces experts ont pour rôle d’é­val­uer le pro­grès de son tra­vail  de recherche lequel con­siste à écrie un roman (celui-là même que je lis à mesure, prodiguant, dans la mesure du pos­si­ble, des con­seils). Puis elle change d’avis, renonce à lire et à tour de rôle, cha­cun des experts (dont l’écrivain Odile Cor­nuz que j’ai ren­con­trée à l’époque où je fréquen­tais les théâtres) donne son opin­ion, pose ses ques­tions. Dia­logue qui ne ressem­ble ni à une con­ver­sa­tion de bistrot ni à un échange entre amis. Une ving­taine de min­utes plus tard, cha­cun s’ac­corde pour dire qu’il faut atten­dre la suite et l’un des experts de pré­cis­er:
- Oui, il faut atten­dre pour savoir ce qu’il va arriver.