Mois : mars 2015

Oeuvre diabolique

Exi­gence à l’avenir sans écho d’une parole pleine de pen­sée. Sans cela, quelle musique pour le monde? Demeurent les vivants, pour­suiv­ant en spec­tres leur tra­jec­toire vitale, mem­bres d’une société où la qual­ité égale la quan­tité. L’œuvre dia­bolique est humaine. Un pro­grès, sinon achevé, bien commencé.

Opinions

Qu’ils fassent l’ob­jet d’une cri­tique et ils jugent aus­sitôt incer­taines leurs idées et faux leurs actes. Puis ils se ren­gor­gent. Leur par­ti est celui de la vérité, que votre cri­tique dévoie.

Sanglier

“Ma tante, madame de Bedée, qui voy­ait mon oncle manger gaiement son fonds et son revenu, écrit Châteaubriand, se fâchait assez juste­ment; mais on ne l’é­coutait pas, et sa mau­vaise humeur aug­men­tait la bonne humeur de sa famille; d’au­tant que ma tante était elle-même sujette à bien des manies: elle avait tou­jours un grand chien de chas­se hargneux couché dans son giron, et à sa suite un san­gli­er privé qui rem­plis­sait le château de ses grognements.”

Journal

Me con­tenterait que quelques per­son­nes lisent ce Jour­nal d’in­con­sis­tance et se sen­tent par moments accordés avec ce que j’y con­signe. Forme de com­mu­nion par la pen­sée. Non pas dans la vérité, mais par l’e­sprit, à tra­vers la langue et ses pos­si­bil­ités exploratoires.

Visite

Aplo, ter­giver­sant et prenant du retard pour l’en­voi de trois let­tres de demande de stages en entre­prise à qui, en rap­port immé­di­at avec les activ­ités d’é­cole, je dis:
- Si elles ne par­tent pas dans l’heure, tu seras puni et tu n’i­ras pas vis­iter le camp de concentration.

Oeuvre

For­mule pleine de larmes et qui me va droit au cœur: il assis­tait attristé à l’éloigne­ment de son œuvre.

Hermaphrodite

Et Tatlin, s’in­for­mant par une série de mes­sages de mon séjour en Thaï­lande, curieuse de savoir si j’ai ren­con­tré des her­maph­ro­dites. Il y a un an déjà, du fond de ce bar du quarti­er rouge de Ham­bourg, saoule, elle me par­lait de cet her­maph­ro­dite dont son oncle était amoureux dans les années 1970 et qu’elle s’é­tait mise en tête de retrou­ver. Ce qui me ramène à mes soupçons: en serait-elle?

Amour

“[] nous nais­sons tous (les hommes) éper­du­ment amoureux de nous-mêmes. Ce qu’on cherche ensuite, c’est quelqu’un qui nous aimera et à qui nous pour­rons dire: “Je t’aime”, comme on le dirait à un miroir.”, note Julien Green. L’é­trange idée! Aucune­ment mon expéri­ence. J’aime et prend plaisir à être aimé, mais dussé-je ne pas l’être que je n’en aimerais pas moins. La sub­stance de l’amour que je porte n’a rien à faire avec le narcissisme.

Mainmise

D’une per­son­ne à l’autre, veil­lant à ne pas suf­fo­quer, je courais informer de ce con­cept de “spec­ta­cle inté­gré” que Guy Debord par­fait dans ses Com­men­taires sur la société du spec­ta­cle et je savais l’au­teur, mon ami, disponible et proche pour le cas où surviendrait chez l’un ou l’autre de mes inter­locu­teurs un doute. La tâche bien avancée, je me présen­tais au guichet de douane afin de pass­er en Suisse. Un Espag­nol me précède. Il me fait remar­quer qu’avec en main un faux passe­port, je ferais mieux d’escamot­er mon vélo.
- Ils vont exiger que vous l’ex­por­tiez et à cette occa­sion ils se pencheront atten­tive­ment sur vos papiers.
J’en­tre­prends alors de chercher Guy Debord pour faire face à cette main­mise du pou­voir sur le réel.

Marcher

Marchant tôt ce matin dans les rues de Fri­bourg, je m’é­ton­nais de savoir marcher et de pou­voir marcher. Cette direc­tion imprimée au corps exprime au plus près la lib­erté, du moins dans son expéri­ence prim­i­tive. Un soleil vif tra­ver­sé d’air frais pré­ci­sait les con­tours de la ville. Un instant, il m’a sem­blé que je pour­rai aller loin, au-delà du but assigné qui fatale­ment ancre l’ex­is­tence dans le quotidien.