Pour la durée du traitement médical, Gala est à Genève, chez son amie de Champel, une amie que je n’ai jamais vue, qui n’existe peut-être pas. La formule qu’utilise Gala lorsque je lui demande chez qui elle réside est invariable:
- Chez mon amie.
- Quelle amie?
Elle donne alors un prénom. Ce prénom, je ne l’ai jamais entendu. Et ne l’entendrai plus. La fois suivante, lorsque je poserai la question, l’amie aura un autre prénom. Cela dure depuis des années. Nous sommes jeudi, veille du week-end. Puisque Gala rentre à la maison, j’ai persuadé Luv de renoncer à sa soirée de samedi à Satigny, avec des copines, pour venir à Fribourg. J’ai sous les yeux la liste d’achats et les menus que je vais cuisiner. J’appelle.
- Delphine à son anniversaire, dit Gala, je vais rester avec elle à Genève.
- Elle n’a pas de famille?
- Non, et je suis sa seule amie.
Ainsi, pour apprendre que Gala renonce à venir passer le week-end, je dois l’appeler. Elle annonce qu’elle vient, renonce à venir, ne le dit pas. Puis elle s’offusque:
- Tu sais bien que je t’aurai appelé!
Or, nous sommes jeudi soir et nous l’attendions pour le lendemain, dans l’après-midi.