Mandalay 2

Ilôt vil­la­geois au cen­tre de Man­dalay. Je bois devant la mai­son d’un voisin qui fait épicerie. Le spec­ta­cle est épatant. Il vaut mille stu­pas. Ne serait-ce que pour partager ces rythmes enfouis, spon­tanés, humains, le voy­age en Asie est jus­ti­fié. Je ne con­nais rien de plus intéres­sant que cette morale en action. Voy­ager, c’est d’abord se tenir au milieu des gens et des choses. Les mon­u­ments, soit: mais ils sont de toutes les épo­ques à la fois, et d’au­cune. Tan­dis que ce marc­hand de char­bon accroupi qui bourre des sacs de jute de sa main noire ou ce mécani­cien torse nu qui répare une moto couché à même le sol! A une enjam­bée de ma table, un pont de pierre fran­chit un ruis­seau. Sur le chemin de terre défi­lent un vendeur de ther­mos laqués, le plom­bier, qua­tre moines et un fleuriste con­voy­ant une gerbe de col­liers rit­uels. Sous mes pieds, une poule creuse son trou. Une mère essore sa lessive sur la berge du ruis­seau. Dans la mai­son en face, à l’om­bre d’un arbre à petites feuilles, un homme compte son argent.