Kyaing Tung 2

Sur des chais­es bass­es, minus­cules, col­orées, pour enfants, devant un plat de riz et une bière Myan­mar. La ter­rasse, organ­isée sur chape brute, éclairée par des néons sus­pendus aux arbres, donne sur le lac. Un restau­rant chic. Les con­som­ma­teurs arrê­tent leur voiture avec osten­ta­tion, font jouer les phares. Puis toute la scène rep­longe dans le noir. Le ser­vice est assuré par une Chi­noise au faciès de papi­er mâchée con­va­in­cue d’avoir décroché le meilleur boulot de la place. Passent alors sur le quai de pous­sière un paysan et ses deux filles. Les gamines ne sont pas plus gross­es que des pastèques. Le panier de rotin que porte le père est san­glé à son front. Les trois vont pieds nus, l’air hir­sute. Le paysan regarde devant lui, l’at­ti­tude crain­tive. Si je pas­sais en san­dales devant le Ritz lorsque les chauf­feurs met­tent le con­tact aux lim­ou­sines, j’au­rais la même attitude.