Souvenir d’un paysage qui n’existe pas

Par quel hasard ce paysage de mon­tagne avec ses chemins et une mémoire pré­cise de la ran­don­née que nous y avons effec­tuée peut-il m’ap­pa­raître tout à coup, en image, alors que je tiens les yeux fer­més depuis plus d’une heure, cher­chant le som­meil, et ceci, cou­plé au fait que je sais aus­sitôt, pour le recon­naître, qu’il s’ag­it d’un paysage qui n’ex­iste pas, que jamais je n’ai par­cou­ru et qui un jour m’é­tait déjà apparu en rêve ? D’ailleurs, je me sou­viens avoir alors ten­té de l’i­den­ti­fi­er en évo­quant un lieu de petite mon­tagne situé au-dessus du plateau de Vanchy, près de Bel­le­garde, que j’empruntais par­fois à pied pour gag­n­er la sta­tion de ski de Men­thières. Mais, bien enten­du, deman­der de quel type de hasard il s’ag­it, est insen­sé: il n’y a qu’un hasard et il résiste à toute enquête, d’où le sen­ti­ment récur­rent d’avoir affaire à une con­science au fonc­tion­nement énig­ma­tique que des forces qui défient la rai­son tien­nent sous son emprise.