Une carte sous les yeux, je cherche quel itinéraire je pourrais suivre pour me rendre en Chine depuis Bangkok. J’affiche sur l’ordinateur des photographies des villes de Kunming et de Chongqi. Cette dernière est bâtie sur une presqu’île. Son centre possède de hauts buildings qui évoquent les centres des capitales américaines. Toutefois, les formes et les rapports sont différents. La construction la plus ostentatoire est composée de plusieurs tours surmontées d’une barre horizontale qui rappelle les portes célestes des temples. De même pour les vues de nuit: les tracés lumineux sont plus organiques qu’en Occident. Or, je suis assis dans mon bureau, au premier étage de l’immeuble de la rue Jean-Gambach, sur la colline du Guintzet et je dispose d’une vue sur la colline du Schöneberg et une partie de la forêt du Bourguillon. Bientôt la nuit tombe et le quartier du Schöneberg s’illumine. Du pont de Zaehringen que me cache la pointe de la cathédrale les voitures montent dans deux directions, à l’assaut des collines que séparent les gorges du Gottéron. Se détachant sur le noir, elles semblent suspendues dans le vide. La géographie est abrupte dans cette partie de Fribourg et d’autres phares de véhicules balaient le ciel en hauteur puis plongent dans l’amas lumineux, produisant ce même effet organique qui, sur la photographie nocturne de Chongqi, donne à la ville son aspect oriental. Constatant qu’il existe une voie de chemin de fer datant de l’époque coloniale qui relie Chongqi à Hanoï, je m’occupe de résoudre l’autre partie du problème et prend contact dans la ville thaïlandaise de Mae Hon Song, avec un certain Li, qui annonce pouvoir me faire naviguer sur une rivière à travers la jungle pour rejoindre en trois jours la frontière birmane. je lui donne mes dates et il s’excuse: à la mi-février, le niveau de eaux sera trop bas. Me voici donc en face du Schöneberg, de Kunming et de Chongqi, cherchant à compléter une chaîne de transports à laquelle manque pour l’instant plusieurs maillons.