Avion

Dans l’avion du retour, étrange fille assise de l’autre côté du couloir. Les yeux bleus pro­fonds, un minois de gamine, elle peu avoir vingt ou trente ans, peut-être plus. Le corps est sin­ueux et désir­able, les cheveux d’un blond scan­di­nave mais pouilleux. Elle les roule du bout des doigt des comme on voit faire dans les films d’asile. Avant la fer­me­ture des portes, l’hôtesse l’a faite se déplac­er et, dans un français impec­ca­ble, la fille a fait une remar­que naïve sur les numéros de siège. Main­tenant, elle lit un livre en anglais dont la cou­ver­ture est déchirée et les pages jau­nies. De plus, une par­tie des feuil­lets est imbibé d’en­cre bleue. Elle lit et, soudain sa main se crispe, elle la porte alors à sa bouche et mange ses doigts. Puis elle revient à ses cheveux qu’elle tri­t­ure. Elle porte un pan­talon bouf­fant de velours noir qui évoque celui des ramoneurs ramoneur. Plus tard, je vois que tous ses habits sont troués: écharpe, blouse, pull. Cepen­dant, comme sa voi­sine man­i­feste le désir de se ren­dre aux toi­lettes, elle se lève, souri­ante, cour­toise. Pen­dant ce temps, le pas­sager avec qui je partage la rangée de trois sièges (Mon­frère a renon­cé au dernier moment à quit­ter Mála­ga pour ren­tr­er en Suisse) lisse de façon mani­aque des bil­lets de banque. Peu après, il achète une paire de lunettes de soleil à cent cinquante francs.