Autour de moi, ces jours: un appartement, un vaste jardin, une vue, la ville, un ciel, des oiseaux, des locaux ici et là, sous les pieds une grosse voiture. La liste pourrait être allongée, mais cela impliquerait un discours plus compliqué et délicat impliquant la famille, les enfants, les amours. Je préfère m’en tenir à la formule qui commence la phrase, “autour de moi, aujourd’hui”, pour constater que j’ai déjà réduit mon domaine: je ne vis plus dans une maison, je ne suis plus propriétaire, je ne tire plus mon eau d’une source mienne, le bois que j’allume ne vient plus de ma forêt. Mais cette évocation des temps successifs a un autre propos. Je songe à ce que j’ai autour de moi, aujourd’hui et voici dans quels termes j’y songe: mon dieu! Tout cela autour de moi! Si dans le passé j’ai théorisé de façon superfétatoire la dépossession sans la mettre en pratique, la situation est changé. Ce qui m’entoure me semble à la fois confortable et propre à favoriser le travail de l’esprit et néfaste, contraire à la force vraie, négateur des énergies; me possédant et possédant le poids d’un tombeau.