Week-end

Week-end passé seul. Gala, tou­jours silen­cieuse, Aplo ren­tré à Genève, Tatlin à ses études. Le temps se dilate. J’ou­vre la fenêtre puis la referme. Mieux comme ça. D’ailleurs il pleut. J’hésite à aller courir. Deux fois le cir­cuit du Bour­guil­lon et des Gorges. Trente kilo­mètres. Je fais une excep­tion: je renonce. Et si j’al­lais au club répéter du Krav Maga? Je reste à la mai­son. Assis à ma table de tra­vail, voici le pro­gramme. Déci­sion payante: après avoir traîné les pieds tous ces mois, je reprends enfin Roman D.C. Les chapitres sur Der­borence me font rire, de même que les dia­logues dans le chalet de Corteza. Mais la fin est abrupte. La réécri­t­ure achevée, je retourne au pre­mier chapitre: l’ac­croche est faible. A tra­vailler. Mais il y a plus ennuyeux: je suis inca­pable de met­tre la main sur les notes pris­es pour le dia­logue final, cette ren­con­tre du per­son­nage prin­ci­pal, Bertrand, avec une petite fille, devant l’hor­loge fleurie de Genève. Un dia­logue dés­espéré, absurde, asymétrique entre une gamine aban­don­née et qui juge sa sit­u­a­tion sans com­plai­sance et un adulte à la dérive qui pro­gres­sive­ment, à l’é­coute des mal­heurs de la gamine, se juge bien­heureux. Je me vois encore rue Derech Shchem, sur la ter­rasse du Lega­cy Hotel, à Jerusalem, écrivant à toute vitesse dans mon cahi­er. Ou dans un car­net? Tout ce que je trou­ve en feuil­letant les brouil­lons est: “Bertrand vole un pot de fleur  et cela fait comme une ver­rue sur l’hor­loge. A la fin, la petite fille replace le pot de fleurs.” Mon inspi­ra­tion est dans Fran­ny and Zoey de Salinger, c’est ce ton-là que je cherche, celui du pre­mier dia­logue, au café, ou encore celui du mono­logue devant le miroir. Grande con­ver­sa­tion avec la petite fille, tel était le titre du livre avant qu’il ne devi­enne Roman D.C. Donc, grand dialogue.