En dépit du temps radieux qui depuis le mois d’août régnait sans partage sur la contrée les villageois s’inquiétaient de la pousse accélérée des peupliers qui à leur faîte déchiraient les nuages précipitant des eaux tièdes et brutales sur les cultures. Afin d’exorciser un risque qu’ils estimaient chaque jour plus grand, ils sacrifièrent nombre de bêtes de chasse. Quand le phénomène pris, la Noël passée, une ampleur inédite, et en prévision des semailles de mai, ils sacrifièrent les femmes les plus vieilles puis quelques hommes et encore des femmes, jeunes cette fois. Le dernier paysan, dont je tiens cette histoire, se pendit le neuf octobre 1952 à l’un des peupliers dit “d’épidémie”.