Repas d’anniversaire de Pascal Nordmann dans un restaurant de Gy. Maxime Maillard prend le volant et nous conduit à travers le trafic. Sur la banquette arrière, Pascal me parle du troisième volet du Tryptique de la peur qui traite du gonzo pornographique, mais très vite la conversation se résume à ce débat: qu’en est-il des poils? Faut-il les montrer ou les cacher? Pascal déclare que pour partie sa brouille avec Sandrine Fabbri (pour qui il a créé un site licencieux) est due à cette question. A Gy, nous retrouvons Jean-Michel Meier, le producteur d’émissions de radio, et sa famille, ainsi qu’Olivier Chachiarri et sa femme. Champagne, vins, conversations, livres. Cadeaux. Des livres. J’en ai apporté sept. Travaillant les corrections de Fordétroit, je n’ai cessé de repousser le moment de trouver des idées pour ce week-end durant lequel se tiennent deux anniversaires, celui de Pascal et celui de Monami, lequel fête ses cinquante ans. Je me mets martel en tête: ces gens-là ont tout. Et tout mieux que moi. Ajoutons en ce qui concerne Pascal que rien de matériel ne retient son attention. Me voilà donc rue des Alpes, surveillant mon téléphone (France-Culture doit appeler), devant la porte de la librairie de livres anglais d’occasion, constatant que la porte est fermée quand une homme me fait signe de l’autre trottoir et montre un accès de cave. Je descends quelques marches et découvre, bien rangés sur des étagères, des milliers de livre en français. J’achète des textes que j’ai aimé, Cabanis, Dantzig, Dubillard, un Théâtre quantique et un Theaters der Absurdum (l’animateur de France-Culture appelle, “voilà, vous êtes en ligne!” et pose cinq questions à tiroir qui relèvent plus de l’expertise d’un spécialiste des compagnies aériennes que de la littrérature). Je paie, je promets de revenir et remonte à vélo pour croiser Aplo de retour de l’école juste avant de prendre la route pour Genève. Maintenant, Jean-Michel et Pascal se partagent ces volumes. Séparément, ce dernier reçoit: du papier (“pour ton prochain livre”, insiste Gunda qui veut faire savoir que Pascal a terminé son roman le jour même, mais celui-ci se rebiffe et à mi-voix la menace de quitter la table si elle répand l’information), des gommes à placer sur le bout des crayons (“j’écris tout au crayon”, justifie Pascal) et de la musique baroque. J’avale des canettes, invite Chiachiari à monter à Fribourg pour parler du cogito (il lit les Méditations), puis Maxime nous ramène, je dors sur un matelas jeté à terre, au bureau, devant une imprimante qui démarre à vide toutes les cinq minutes et que je ne sais pas éteindre.