Andréi, garçon au physique avantageux, maître de sport, on dit “coach”, la coupe de cheveux gélifiée, le teint mat, grand séducteur, me dit:
- Tu comprends, j’habite au deuxième étage et il y a le chien. Sans ascenseur, je dois porter chaque jour mon bouledogue dans les bras pour le ramener au salon…”
Mois : septembre 2014
Andréi
Noir
Chaque jour il peignait des tableaux noirs Sa femme tentait de vendre ces toiles mais revenait le plus souvent bredouille. Faute d’argent, il manqua bientôt de toiles. Un choix s’imposait. Il ne pouvait acheter et les toiles et la couleur. Il acquit des tubes de noir et s’attaqua à l’appartement.
Echange
Messages que mitraille Tatlin sur mon portable. Expérience neuve. Elle répond à une question mais a posé entre temps une autre question, j’y réponds. Court-circuit qui crée un dialogue fou. Dans les interstices transparaissent de aveux. Il est ainsi plus facile de lui dire ce que je ressens: tu es étrangère et inabordable, tu fuis (elle a passé un an en asile et je suis un des seuls à qui elle parle dans Fribourg, il ne s’agit pas d’une simple affaire de flirt). Pourtant que fais-je d’autre que l’aborder, et cela depuis un an? Tout-à-l’heure je la croise au restaurant. Grands yeux, grande femme. Elle lit depuis le matin, me reconnaît à peine, tend la main, cherche à me situer. Nous échangeons deux mots. A croire que l’on en se connaît pas. Et maintenant, trente messages en quelques minutes: il est question de voyage, de Descartes, de neurolinguistique, de combats MMA, de vagabondage, d’amour. Dans ce monde mêlé de virtuel, nous ne sommes plus corps ni esprits mais amas moléculaires.