Feux de la rampe

Celui qui écrit sans peine bien­tôt ne se donne plus la peine d’écrire. Affir­mant cela je pense à un auteur dont le pre­mier livre m’a fasciné. J’al­lais partout et van­tais ses mérites, je ne man­quais pas une occa­sion d’en­gager à sa lec­ture. A Paris je con­nus l’au­teur. Sa per­son­nal­ité me déçut agréable­ment. C’é­tait un homme joyeux, sans enver­gure ni morale, loin de toute recherche, dés­in­volte, oppor­tuniste. C’est lorsqu’on entrevoit ce qu’on veut sans le pou­voir que les éner­gies afflu­ent. Alors sont réu­nies les con­di­tions pour faire l’œuvre. Celui qui écrit, peint ou com­pose sans peine et avec l’air de se jouer est loin de cette fois du créa­teur. Je ne pou­vais me douter de quoi que ce soit avant que ne parais­sent de cet auteur de nou­veaux titres. Or, ce que j’avais réus­sit à son con­tact se véri­fia: à grands ren­forts de sourire, ils se pous­sait sous les feux de la rampe.