Limpidité de l’air, douceur. Un moment je me tiens sur la colline du Guintzet, face à la ligne des Préalpes. Un soleil vif découpe les silhouettes des arbres, des clôtures, des manèges d’enfants et sculpte leurs cris de joie. Devant les établissements bétonnés de la rue Gambach, les adolescents sont affalés sur les marches blanches des escaliers. Corps chauds, tranquilles et ralentis, clairsemés devant de vastes bâtiments qui semblent voués au vide. Je ne me réjouirais jamais assez de frayer des chemins dépourvus de visibilité et qui certainement ne mènent nulle part. Voilà un des motifs du bonheur. C’est ce que je souhaite de mieux à ces enfants que leur parents font tourner à bord des manèges de la colline et qui deviennent les années suivantes ces adolescents affalés sur des marches d’escaliers, de fausser compagnie au monde obligatoire et de se mirer sans esprit de sérieux sur un banc un jour de vif soleil.