Promenade

Ce dimanche prom­e­nade avec les enfants sur les berges de la Sarine à portée de l’ab­baye d’Hau­terives. Nous pas­sons le pont où j’ai racon­té en géomètre la ren­con­tre de B. avec Jésus, c’é­tait en 1994 je crois, puis gagnons le bois par le sen­tier. A leur habi­tude, les enfants ont râlé et main­tenant ils s’a­musent, tour­nant des galets, tail­lant des branch­es. Le bois dont un pan­neau nous explique qu’il est pro­tégé finit con­tre un bloc de gran­it som­bre. Je m’in­stalle sur un tronc pour regarder couler la riv­ière, Gala con­tin­ue et par un chemin détourné décou­vre le tem­ple votif niché dans une anfrac­tu­osité de la pierre au pied d’une stat­ue de la vierge. Un cou­ple fait la même prom­e­nade. L’homme se couche, ne dit plus un mot, tan­dis que les femmes der­rière le bloc par­lent. Plus tard Gala m’ap­pren­dra ce qu’elles se sont dit, les con­seils qu’elles ont échangé et comme tou­jours, van­tera l’ex­tra­or­di­naire de la ren­con­tre pour l’ou­bli­er aus­sitôt. Nous revenons ensuite par les flancs de la colline de Marly dont un pan de molasse s’est écroulé, quand les moines appa­rais­sent à la hau­teur du pont et à grands pas lon­gent la berge. Tout aus­si brusque­ment ils piv­o­tent et repren­nent la direc­tion de l’ab­baye. Aplo demande que j’ex­plique leur régime quo­ti­di­en et leur vie. Lorsque nous atteignons l’église, la cloche sonne. Les moines par­tis trop tard en prom­e­nade ont rebroussé chemin pour appel­er à l’of­fice de Nonnes. Nous les écou­tons chanter, pour moi, avec le sen­ti­ment que cette liturgie va dis­paraître et que le monde, aujour­d’hui plus encore qu’il y a vingt-cinq ans lorsque je fai­sais mes pre­mières retraites à l’hostel­lerie, est résol­u­ment étranger à la notion de soli­tude méditative.