L’autre soir je considérais mes pieds, cette partie la moins noble de l’homme. Il m’a toujours semblé qu’elle méritait d’être cachée. Même chez une jolie femme, le pied mérite d’être tenu en retrait (je parle de regard et non d’usage). Or, si je considérais mes pieds, c’est qu’on m’avait obligé à me déchausser en public. Dans une culture où tout le monde va pieds nus, le pied est invisible. Tel n’est pas le cas en Occident: il apparaît ou pire, s’impose, quand pour des raisons à mon avis toutes plus mauvaises les unes que les autres on exige qu’il soit déshabillé. Donc je les considérais et je fus frappé de voir que si quelque partie du corps nous relie au poisson, ce sont bien nos pieds avec cette forme palmée où les doigts évoquent une nageoire amputée.