Communication

A Genève la semaine dernière où j’ai ren­dez-vous à l’hôpi­tal avec une chargée de com­mu­ni­ca­tion. Les acci­den­tés et les malades dis­cu­tent avec leur familles au soleil, la porte-tam­bour tourne, la cafétéria est bondée. A peine assis, mon col­lègue appelle:
- Mais enfin, que fais-tu, Madame Filatel­li ne te trou­ve pas!
Je con­sulte ma mon­tre.
- J’ai une minute d’a­vance.
- Appelle!
- Je n’ai qu’un numéro fixe, si elle me cherche dans le bâti­ment…
- Elle t’at­tend à la cafétéria.
Je rac­croche, j’en fais mon affaire. Une fois débal­lé, je place le cadre d’af­fichage que j’ap­porte sous le bras et le promène osten­si­ble­ment entre les tables. Le per­son­nel et les patients se retour­nent, me fix­ent. Je souris. Quand ils bais­sent les yeux, je passe mon chemin. En même temps j’es­saie de définir le pro­fil d’une chargée de com­mu­ni­ca­tion de l’Hôpi­tal. Age moyen, soignée, et dans ce cas, Ital­i­enne. Je m’a­vance vers une femme:
- Madame Filatel­li?
Ce n’est pas elle. J’ap­pelle le fixe.
- Ah, vous êtes à la cafétéria! J’ar­rive.
Heure exacte du ren­dez-vous; à l’év­i­dence, elle n’est pas encore descen­due et, dès fois que je fasse faux bond, à pris les devants et appel­er mon col­lègue .
La voici. Belle femme, droite et rapi­de, cheveux courts, peau mate, l’ac­cent ital­ien plein de charme.
- Allons‑y!
Je ramasse en vitesse mon matériel et la suit dans les couloirs. Tout en marchent et salu­ant des col­lègues, elle ma par­le de son pro­jet, me pose des ques­tions, dit où nous allons: voir les ascenseurs.
- Celui-là, et ces deux autres.
La porte de l’as­censeur s’ou­vre, des médecins, du per­son­nel, des malades sor­tent, d’autres s’en­gouf­frent.
- Nous aime­ri­ons plac­er des cadres d’af­fichage dans ces ascenseurs.
Il me sem­ble voir des cadres.
- Oui, là où sont les cadres.
- Des cadres de ce type?
- Les mêmes.
- Vous per­me­t­tez?
J’en­tre dans l’as­censeur, elle me suit. La porte ferme, je me tiens dans le fond, devant les cadres et compte jusqu’à sept — après tout je suis l’ex­pert en cadres et un expert cela réflé­chit.
- Oui, vous avez rai­son, ils sont en mau­vais état.
- N’est-ce pas?
(En fait, pas du tout).
- Voulez-vous voir les autres ascenseurs? Il y en a six ici et trois en bas, nous allons descen­dre.
Nous voici dans les souter­rains. Plus de malades. Un mort embal­lé dans un drap qu’on pousse sur son char­i­ot, des infir­mières à la pause, des hommes en bleu, d’autres en vert.
Mêmes cages d’as­censeur, même cadres d’af­fichage, en bon état, vides. Je con­tin­ue de réfléchir, esquisse des solu­tions, écoute Madame Filatel­li, laque­lle marche tou­jours devant moi, évo­quer les prob­lèmes de com­mu­ni­ca­tion, d’au­tori­sa­tion, de secré­tari­at, de départe­ments. Je demande son numéro de télé­phone portable. Elle pian­ote sur son appareil, s’ex­cuse, ne le trou­ve pas, croit se sou­venir, a oublié. Je rem­poche mon car­net.
- Lais­sez, je trou­verai.
Avant que nous ne pas­sions la porte-tam­bour qui donne sur l’ex­térieur, je fais une propo­si­tion. Elle ne cor­rige pas et il n’y a pas lieu, je viens de dire ce qu’elle veut enten­dre. Résul­tat: sur le principe, elle est d’ac­cord.
- Au revoir!
Or, sur vingt mètres nous mar­chons dans la même direc­tion. Elle à grands pas, l’air sérieux.
- Votre journée est finie?
- Oh, non, pas du tout! Les bureaux de la com­mu­ni­ca­tion sont plus haut, sur Floris­sant.
Puis je m’é­carte pour aller pren­dre mon vélo. Alors sur un ton défini­tif, con­tente que tout ren­tre dans l’or­dre.
- Au revoir!