Descente

A bord de cette voiture lâchée en roue libre tous feux éteints, je sup­pli­ais le chauf­feur, un gars ren­con­tré à la sor­tie d’une des soirées d’I­van, de maîtris­er le volant, de repren­dre ses esprits, de con­duire, de ne pas nous tuer. J’avais quinze ans. Tout le monde riait. Sur la ban­quette arrière, les filles me bous­cu­laient: j’é­tais insen­si­ble au charme de l’ex­ploit. Rouler ivre dans le noir sur la piste con­traire, voilà qui était unique.
- Con­cen­tre-toi! cri­ais-je au chauf­feur.
Qui se retour­na, haus­sa les épaules et roula un joint, lâchant défini­tive­ment le volant.