Théâtre capitaliste

Afin de ren­dre tan­gi­ble la men­ace que représen­tait le com­mu­nisme à l’époque du procès des époux Rosen­berg, un maire d’une petite ville améri­caine rassem­bla ses admin­istrés et énuméra les change­ments que ne man­querait pas d’im­pos­er l’avène­ment d’un tel sys­tème; la nour­ri­t­ure riche et var­iée rem­placée par une brou­et de patates et de navet, le ciné­ma local ne dif­fu­sant des films de pro­pa­gande à la gloire de Staline, les voitures rem­placées par des mulets, les habits découpés dans la toile de jute. Après adap­ta­tion, cette représen­ta­tion théâ­trale serait aujour­d’hui de la plus grande util­ité pour fig­ur­er à l’at­ten­tion des Européens l’avenir qui les attend. Mais lorsqu’on se penche avec sérieux sur la pos­si­bil­ité de recourir à pareille méth­ode, il faut déchanter. De fait, com­ment obtiendrait-on une représen­ta­tion d’une société cap­i­tal­iste qui est elle-même une par­o­die de la vie? Tout au plus pour­rait-on forcer le trait, ce qui reviendrait à accélér­er le proces­sus de déréal­i­sa­tion, autrement dit, à tra­vailler pour le capitalisme.