Que nous sommes bien sur cette colline du Guintzet! Et pourquoi y est-on bien? Parce que la vie bête et saccadée que produit le marché, les stigmates que portent au visage les individus que charrient les flux électriques, n’empoisonnent pas l’atmosphère. Il n’y a pas de magasin, pas de loisir, pas de raison de se tenir sur cette colline sinon de retrouver la raison. Constat qui vérifie les bienfaits du ghetto. La paix est à ce prix: la séparation. Ce qui en dit long sur la solidarité chère au cœur des bienfaisants. Ils aident, sauvent, réparent les individus ballotés, brisés, perdus, pour autant qu’ils puissent s’appuyer sur une logique du ghetto. Ils sauvent à partir de leur position éminente ceux qui se trouvent rejetés à la périphérie; ou pour mieux dire, afin de racheter leur pêché, sauvent quelques individus. C’est une forme d’exorcisme. (Les autres, ceux qui sauvent en mêlant leur existence à la foule des égarés sont des saints) En ce qui me concerne je n’ai envie de sauver personne et préférerai ne pas être séparé.