Conscience du lien de toutes choses. Elle se produit de deux manières distinguées. Un raisonnement sur un objet de pensée, par exemple le fondement des décisions d’Isabelle la Catholique sur le statut des financiers juifs convertis, amène à concevoir un réseau de significations — rapport à la communauté mozarabe, croisades, Jérusalem, histoire biblique, création d’Israël, Fuite hors d’Egypte, Hittites, empires grecs, etc. D’autre part: rôle de la finance dans la colonisation de l’Amérique, Jésuites, traité de partage avec le Portugal, luttes d’indépendance, castrisme, Guantanamo; et encore: peintures d’El Greco, mécènes, athéisme, commerce tout puissant, marché de l’art, globalisation, rivalité avec la Chine etc. Et ainsi de suite, selon des chemins logiques, subjectifs ou aléatoires — réseau de significations dont la richesse, la variété et l’extension représente à la conscience ce qu’elle est lorsqu’elle s’applique au tout et parcourt sans cesse chacune des parties de ce tout. La seconde manière est brève ou procède de la première manière, soit: je prends conscience du tout et l’exprime à travers cette formule “tout est lié”. Dans le cas où la conscience est brève, elle est sans origine, incontrôlable et son champ est vide: aucune signification n’apparaît. Pas de Jérusalem, de globalisation ou d’Hittites. En revanche, si elle procède de la première manière, elle indique que j’ai cessé de parcourir les significations pour les saisir toutes à la fois; je saisis alors une ensemble de significations innommables dont je ne peux rien dire sinon que “tout est lié”. D’une manière ou d’une autre, la question est posée de savoir si affirmer Dieu comme être réel ne revient pas à hypostasier ce sentiment du lien de toutes les significations.