Congélateur

Gala pro­pose l’achat d’un con­géla­teur. Je sors la voiture, nous visi­tons une galerie marchande, nous choi­sis­sons un mod­èle, je paie. Peu­vent-ils le garder, nous avons affaire à Genève? Le surlen­de­main, Gala sort la voiture, part chercher le con­géla­teur, revient bre­douille: trop gros, dit-elle, il n’en­tre pas dans le cof­fre. Et sur la ban­quette arrière? Impos­si­ble, dit-elle? J’in­siste. Tu te trompes, assure-t-elle, le vendeur a tout essayé. Bien. J’i­rai le chercher à pied, je le mon­terai sur un dia­ble je le roulerai jusqu’à l’ap­parte­ment. Trois kilo­mètres, ce n’est rien. Elle hésite? Je fais val­oir qu’autre­fois, à Genève, je fai­sais mes démé­nage­ments en tram. Soit. Gala appelle, de mande qu’on me prête un dia­ble. Je sors la voiture, me présente au mag­a­sin. C’est vous qui avez cette petite voiture? me dit le vendeur. J’ai la plus grosse voiture du can­ton. Le vendeur rec­ti­fie: le cof­fre est petit. Je demande le dia­ble. Il traîne les pieds. J’habite juste à côté. Malin, le vendeur me demande le nom de la rue. Je le lui dis. Cela l’a­muse. Il me regarde par­tir avec le dia­ble, curieux de savoir si je vais y arriv­er. Je roule le con­géla­teur jusqu’à la voiture, m’ar­rête, la regarde. Je me répète, c’est la plus grosse voiture du can­ton, et décide: que cela soit vrai ou non, je vais entr­er le con­géla­teur dans la voiture. Trois min­utes plus tard je rap­port le dia­ble au vendeur.
- J’avais décidé que ça entr­erait!
Il sourit jaune. (J’en­fonce le clou.)
- Je le savais.
- Oui, mais je ne voulais pas ris­quer de grif­fer le cuir de vos sièges, c’est une voiture de luxe.
Un peu plus tard, comme je dépose devant Gala le con­géla­teur que j’ai porté sur le dos depuis la rue.
- J’é­tais sûre que c’é­tait pos­si­ble, me dit-elle.