Attablé à Morges avec des auteurs de romans policiers. M. explique comment raconter un braquage et se plaint que l’approche réaliste soit devenue invendable.
- Tu imagines un voyou, il pleut, il a les pieds mouillés, son cousin a un flingue, il sait à peine l’utiliser, c’est dimanche, un dimanche pourri, la banlieue. Le casse échoue, il va en prendre pour cinq ans, peut-être sept, c’est la peine en France pour un casse, mais dans le quartier, tout le monde sait qu’il a fait le coup, il a désormais une réputation…
Plusieurs fois, il décortique la scène, parle de l’attitude du voyou, juste avant le braquage, des gestes qu’il fait, des mots qu’il prononce.
Le soir, par un des ses amis, j’apprends que M. a été condamné à vingt ans de prison pour l’attaque d’une banque.