Acablar

Au début, aucun rêve, grandes plages de som­meil noir. Puis cette qua­trième nuit, les voici l’un der­rière l’autre, ser­rés et polis. Or, c’est sous cette forme que je me représen­tais hier la con­struc­tion d’Aca­blar: des para­graphes filant des thèmes sans rap­port immé­di­at; explo­ration du cirque de mon­tagne, spécu­la­tion, organ­i­sa­tion de la nour­ri­t­ure, cita­tions. L’in­con­scient aurait donc joué la gamme afin que je puisse juger du ren­du. Ce sont ain­si suc­cédé trois rêves. C’est l’heure du souper. Ma mère s’at­taque à ses dossiers, crie qu’elle n’a pas le temps, me ren­voie au téléviseur et, ajoute-elle, qu’il soit éteint n’y change rien, débrouille-toi! Ensuite un doc­u­men­taire qui mon­tre l’évo­lu­tion du quarti­er de l’U­sine à Genève sur vingt ans. Flâner­ie et ton badin. Fête et désor­dre. Sus­pi­cion, calme pré­caire. Dernier acte, j’en­tre en scène armé d’un fusil. Deux rues à tra­vers­er pour sor­tir de la zone de dan­ger, mais la bretelle du fusil est coincée dans le chargeur. Les habitués du quarti­er por­tent la tenue de com­bat, ils se réchauf­fent devant des ton­neaux en feu. Mon fusil est enfin prêt à tir­er. Alors passe le générique de fin. Mes­sage: le réal­isa­teur souhaitait mon­tr­er ce que nous sommes devenus. Et le troisième: le père d’Olof­so, ivre, ren­verse une boîte rem­plie de dents san­guino­lentes. Je pro­pose de ramass­er. Il me tend une pincette. Le tra­vail est dif­fi­cile, les dents ont glis­sé sous la char­rette d’un bro­can­teur et une oie malveil­lante, encour­agée par le père, pique dans la boîte ce que je viens d’y ranger.