Sur le quai de Genève

Sur le quai de Genève, nous atten­dons le train pour Fri­bourg. Aplo demande la per­mis­sion d’aller acheter une bois­son. Je con­sulte ma mon­tre. Tu as 7 min­utes. Il file. Trois min­utes avant le départ, Luv et moi nous instal­lons dans la rame. Quand le train s’ébran­le, pas d’Ap­lo. J’ap­pelle sur le portable. Il répond en larmes. Il n’a pas d’ar­gent, il ne sait pas l’ho­raire. Je lui dis de se débrouiller. Il arrive à l’ap­parte­ment avec une heure de retard. Un dame m’a don­né de l’ar­gent, dit-il. Je le fais asseoir devant un cahi­er. A droite il écrit ce qu’il s’est passé. A gauche ce qu’il aurait dû faire. J’ap­prends alors qu’il est mon­tée à temps dans le train puis, ne nous trou­vant pas, en est ressor­ti. Il écrit, j’é­tais en T‑shirt sur le quai et j’ai pleuré. A son âge, jamais je n’au­rais con­sen­ti à avouer que j’avais pleuré. D’ailleurs — n’est-ce pas ter­ri­ble? — je ne pleu­rais pas.