Personne ne lit

Per­son­ne ne lit plus. Cela change-t-il quelque chose à ma fois dans l’écri­t­ure? J’ai écrit parce que je me sen­tais seul, puis, étant seul, j’ai écrit. Si à l’avenir je suis for­cé de penser et d’a­gir avec le groupe, j’écrirai pour m’en dis­tinguer. Si l’on me mar­que pour me ramen­er au des­tin col­lec­tif, j’écrirai pour me situer. La foi est la seule lim­ite que ren­con­tre l’écri­t­ure. Un espace de jeu plus vaste que domine le silence. La plume tombe, l’ef­fort con­tin­ue par delà le corps et l’e­sprit pro­pres. Les hommes qui font le théâtre quo­ti­di­en s’en retour­nent; il n’est plus besoin d’au­cun arti­fice de con­struc­tion entre soi et soi-même. Dieu appa­raît comme géo­gra­phie unique, sans matière et sans lim­ite, il n’y a plus de chemin; la mort n’est plus qu’un moment sans con­séquence dans un état déjà commencé.