L’avionnette tombe

L’avion­nette tombe. Nous sau­tons. Mon père tire sur son para­chute. Nous l’imi­tons et flot­tons à sa suite dans un ciel limpi­de. Au milieu des champs, la voiture de mon frère. Le cof­fre con­tient un arse­nal: pis­to­lets, fusils, fusils-mitrailleurs, caiss­es de car­touch­es.
- Tu devrais refer­mer ça, dis-je.
- Mais enfin, on a plus le droit d’être armé!
Soudain une autre voiture. Un incon­nu en sort, ouvre son cof­fre et dévoile une autre quan­tité d’armes. Nous sommes sur un marché clan­des­tin. Plus tard, lorsque les vendeurs quit­tent la place, nous remon­tons dans l’avion­nette. Même scène. Elle tombe. Nous descen­dons en para­chute.  Mais cette fois, sur­git un garde civ­il, puis d’autres: c’est une embus­cade. Je lève les yeux. Mon frère est accroché dans l’ar­bre, je les baisse, mon père s’est tranché la gorge. Il s’en­fonce dans la terre. Je me rends. Ma mère descend du ciel, inspecte la scène.
- Papa ne nous dira plus rien. Tout de même quelqu’un d’é­trange, et qui dis­paraît avec son mys­tère.
Les mil­i­taires posent les fusils. Mon père mort, plus de dan­ger. Le garde civ­il me tend une bouteille d’eau. Je tire de la terre sablon­neuse mes deux enfants, les lave et mets de l’eau dans leur bouche. Main­tenant que “tout est fini”, je les rap­pelle à la vie.