Devenir le maître d’un animal

Devenir le maître d’un ani­mal domes­tique. Que cherche-t-on à se prou­ver qui ne l’est déjà? Enfant, j’avais, comme ont les enfants, une affec­tion enchan­tée pour le berg­er alle­mand que mes par­ents m’avaient don­né. Puis un jour que j’é­tais en vacances en Suisse, de bon matin ma grand-mère décroche le télé­phone. J’en­tends par­ler à mi-voix. Pronon­cé en français dans une con­ver­sa­tion en bernois, le mot “mort”. Ain­si dis­tin­gué il atteint mon oreille de dormeur à cette époque déjà sen­si­ble au moin­dre bruit. Je me sou­viens d’avoir aus­sitôt pen­sé: papa est mort. Au petit-déje­uner, ma grand-mère ne dit rien. Je bois le café au lait, je mange le Gruyères, j’at­tends. Quand j’ai fini, elle  par­le.
- Il est arrivé quelque chose à Ulysse.
Que je me sou­vi­enne cela ne m’a pas autrement affec­té. Certes, j’ai regret­té pour le chien que celui-ci soit mort en tant que chien, mais j’avais, et j’ai tou­jours dans l’idée, qu’il s’ag­it d’un règne dif­férent, sans mesure com­mune, présen­té comme tel du fait de l’empathie absurde de quelques hommes qui faute de trou­ver une récep­tion humaine à leurs sen­ti­ments les dépla­cent dans une bête dont ils font une par­tie d’eux-mêmes.