Nos­tal­gie du vil­lage, lieu noyé dans les herbes et dans le ciel, lieu restreint. Les odeurs des feux de chem­inée qui planaient sur Gim­brède, le bruit des portes, celui des pas, des voix. Et quand une voiture tra­verse la place, le plaisir de la suiv­re des yeux. Les por­tières claque­nt. Si on ne con­naît pas les occu­pants, on s’é­tonne, on en par­lera le soir, avec les voisins, sur la place. Paroles qui don­nent du sens au pas­sage du jour, car dans un vil­lage le jour a un début, une fin. Et l’heure des repas: cha­cun se réjouis­sant et s’in­quié­tant de savoir si l’autre a mangé. Je garde un sou­venir enchan­té de ces moments, et com­prend Calaferte lorsqu’il évoque dans ses car­nets la vue des vil­lages depuis le train: c’est alors leur forme de navire qui frappe. Ils tien­nent au-dessus de la houle quelques âmes que la vitesse du train con­tribue à idéaliser.