Mon voisin est une aide précieuse. Il apporte à Genève mon courrier, me renseigne sur l’état de la maison, la surveillance policière, la croissance de l’herbe et les visites des courtiers. Sa machine à laver lâche, il utilise la mienne. Lorsqu’il a besoin de quelque chose, il le prend. Il me fait une liste. Je lui offre mon surf dont j’explique l’histoire (acheté à Santa-Monica, appporté à Bali puis en Nouvelle-Zélande, à Cuba et au Maroc, j’ai dormi dessus dans la gare de Milan et l’ai transporté à l’heure de pointe par le métro à travers Paris — c’était l’hiver, j’étais en Bermudes n’ayant pas d’autres habits), le lendemain il m’envoie une séquence filmée de la vague de Chancy et une photographie du surf ficelé sur la galerie de sa VW coccinelle. Lui même a sa situation. Séparé de sa femme l’en dernier, il s’installe aussitôt avec une autre femme. Quelques semaines plus tard, je lui demande des nouvelles. Il m’en donne et précise: ce n’est plus Isabelle, tu as compris? La semaine suivante il déménage, s’installe chez cette seconde amoureuse. Il est désormais à trente kilomètres de chez lui et à cent kilomètres de Genève où il prend son poste tous les jours de la semaine. Au passage il lui faut encore faire manger les enfants et les amener à l’école. Pour les trajets il combine camionnette, train et Harley. Et la semaine suivante: non, non, c’est fini, ça n’a duré qu’une semaine. Première énergie après séparation qui nous ramène une jeunesse dont les effets dépassent nos attentes.