De la disparition du lieu, il est rarement question. Or sans lieu, pas de rencontre. Outils de divertissement qui abolissent l’espace: à peu de choses près tous les produits innovants lancés sur le marché depuis vingt ans, baladeur, caméra numérique, vélo électrique, téléphone portable, prothèses chimiques, mécaniques. Affublés de ces gadgets le jeune consommateur (lui surtout) digère le réel à la vitesse du son et de la lumière. Ce réel est stocké dans des machines donc soustrait à la conscience. De sorte que le schéma nouveau se décline ainsi: possibilité d’une rencontre, début de désir — mémoire d’une rencontre, nostalgie du désir, frustration. Le moment de la rencontre est avalé par la machine.