Pluie sur la forêt, la mer, le con­ti­nent. Un bateau rapi­de nous ramène à Pak Bara. Il fonce sur des creux d’un mètre. Assis à l’a­vant je dois m’ar­rimer au bastin­gage pour ne pas tomber à l’eau. Deux Ital­iens m’adressent des sourires com­plices. Arrivés au port, nous les retrou­vons sur une ter­rasse A la table voi­sine les polon­ais de Taru­tao et un cou­ple français. Cha­cun pian­ote sur un ordi­na­teur, une tablette, un télé­phone et com­mande à manger —  la cuisinière est sor­tie. Il pleut d fort. Il pleut sur les stores, les camion­nettes, les stands de fruits. La cuisinière revient. Nous man­geons, Ital­iens, Français et Polon­ais feuil­let­tent les guides. Je laisse faire. Assez feuil­leté au cours des vingt dernières années. Puis le ven­tre plein ils réu­nis­sent leurs infor­ma­tions. Je donen mon avis quand je con­nais les des­ti­na­tions: Tao, Jum, Kra­bi. Dis­cus­sion à bâtons-rom­pus, cha­cun prenant la mesure de ses inter­locu­teurs. Puis les don­Météo, îles, prix des avions, disponi­bil­ités, dis­tance. Voeux des uns, attentes des autres. En début d’après-midi — il pleut tou­jours — nous louons un bus et sur propo­si­tion du Français par­tons tous pour Koh Lan­ta. Le polon­ais passe une bouteille de Rhum. Aupar­a­vant, c’é­tait la bière. Rapi­de­ment, il faut arrêter le bus, se soulager. A Trang, nou­velle pause, et nou­velles bières. Puis un autre bus, mené par un chauf­feur nerveux et fatigué, que nous sup­plions de ralen­tir, et un bac, et un autre bac. Il est vingt-deux heures lorsque le Français négo­cie qua­tre bun­ga­lows en bord de plage. Une vache et son veau pais­sent sous les cocotiers, l’île ressem­ble à un paque­bot échoué: pointes de lumière ron­des, hublots dis­per­sés dans la nuit. Nous avons quit­té Taru­a­to à huit heures ce matin.