Je relâche la volon­té et voici la mal­adie: assaut de la fatigue, fièvres, délire. La nuit se lève sur le Golfe. C’est habituelle­ment l’heure de s’en­dormir à bord de l’avion pour l’Asie. La com­pag­nie annonce un retard. Un heure. Puis une autre. D’ailleurs pas d’avion en vue. Et au pan­neau des départs des annu­la­tions. Du jamais vu dans cet aéro­port à l’é­cart des grands cir­cuits. Après trois heures et demie d’at­tente, l’an­nonce d’embarquement. Un jeune homme s’est rasé la tête et saigne. Il est agité, vif, désagréable. Il adresse la parole aux pas­sagers. Fait les cent pas, fait les ques­tions et les répons­es. Je m’éloigne, il se rap­proche. Des bus se gar­ent devant la halle. Demi-heure. Je monte, Gala suit, et le rasé. Puis un groupe d’in­di­ens malvoy­ants. Ils sont cabossés, peut-être infirmes, comme nous tous ils sont las. Un petit ven­tru à grosse tête retire ses san­dales. Le jeune rasé lui dit de se chauss­er. Ça pue, dit-il. Lubie, humil­i­a­tion facile. Ses cama­rades, au lieu de vol­er à son sec­ours, l’en­fon­cent: tu pues! Le jeune rasé fait par­ticiper les pas­sagers du bus. Il croise mon regard. Il déca­pu­chonne un fla­con de Bleu de Chanel et par­fume l’in­di­en, puis lui dit le prix du par­fum: 80 Euros le fla­con. Enfin instal­lé dans mon siège j’avale un som­nifère. Quand je me rèveille, j’en avale un autre. Lorsque nous débar­quons á Suvarn­ab­hu­mi j’ai de la peine á marcher. Dif­fi­cile exer­ci­ce de la déc­la­ra­tion d’im­mi­gra­tion. Les cas­es flot­tent. Ensuite je bois de la bière. Grosse erreur. Le som­nifère se trans­forme en drogue. Nuit pénible au BS Hotel. Réveil en plein soleil. Tout-à-l’heure il faut pren­dre l’avion pour Den­pasar or je viens de con­stater qu’il part de l’an­cien aéro­port de Mong Duong.