Blo­qués dans un faubourg de Sat­un, la cap­i­tale de province du sud thaï­landais. Hôtel de com­merce dou­teux, muezzins, et, piège supérieure, nou­v­el-an chi­nois. Nous trou­vons une pen­sion de bois con­stru­ite en sur­plomb d’un jardin que dépar­ent des bananiers. Cham­bre bleue, jaune et verte, lit à bal­daquins, vit­rines en teck, la pro­prié­taire indique par ces choix que nous avons élu domi­cile dans une “guest­house and art café”. J’en­file les tam­pons, je me couche. Gala sort. Un Anglais vit là. Orig­i­naire de Man­ches­ter, la cinquan­taine, crâne de maton, l’oeil embué d’al­cool, le sourire gen­til, la cour­toisie toute bri­tan­nique. Mais dif­fi­cile à com­pren­dre. De Genève, il con­naît le red dis­trict. De Sat­un, il dit: il y a une rue du mas­sage. Je lui demande ce qu’il fait là. Regard vague, pas de réponse. Sat­un — c’est un peu comme si je décidais de lim­iter ma vis­ite de la Suisse à Moudon. Vous tra­vaillez? Il esquisse un geste. “Non”. J’en con­clus qu’il a dû lui arriv­er mal­heur dans une vie précé­dente, mais mon état ne me per­met pas de pour­suiv­re la con­ver­sa­tion (tou­jours le con­tre­coup indi­en), et je me range dans le fond du jardin avec une bouteille de Chang. Gala rap­porte des nou­velles dont celle-ci: inutile de se ren­dre sur Koh Lippe, c’est nou­v­el-an chi­nois, les îles sont pris­es d’assaut.