Arrivés dans l’après-midi du 31 décembre à Jérusalem nous parcourons la vieille-ville de la porte de Damas au Mont des oliviers. Au loin, sur la tombe de Zacharie, les mêmes silhouettes dansantes de juifs orthodoxes qu’au mois de juin lorsque je finissais mon périple Easyjet. Nous revenons vers l’hôtel par la porte de Jaffa et l’extérieur de la muraille. Retrouver des personnes entrevues quelques mois ou quelques années auparavant assises au même endroit et occupées à la même activité est amusant. Le souvenir se matérialise sous nos yeux. Par exemple cet épicier qui tient boutique en face du Jardin du tombeau. D’après les gardiens du lieu (par je ne sais quel hasard de l’histoire une fondation anglo-saxonne), Jésus aurait été enterré dans une cavité de la roche, en ce jardin, du côté arabe, et non sur l’actuel emplacement du Saint-Sépulcre. Les tenants de cette théorie expliquent que les archéologues n’ont pas tenu compte de la reconstruction de la muraille par Souleymane au moyen-âge. En face de ce Jardin, une gare de bus qui dessert les territoires palestiniens, un magasin de disques et l’épicerie Che Guevara. Privée d’éclairage électrique, elle ressemble à une grotte. Un vieillard juché sur un tabouret se tient dans l’entrée au milieu d’un étalage de sucreries. A cet endroit, deux clients ont à peine la place de se croiser. Les produits sont à l’arrière, amoncelés. Le client qui attrape un paquet de toasts ou de chips croit le cueillir sur un arbre. Je demande de la bière. Le vieillard ouvre les portes de quatre glacières. Portes de bois aux poignées métalliques qui devaient appartenir à une boucherie. Sont rangées là une dizaine de marques de bières israéliennes, arabes et étrangères. Lorsque je dépose les bouteilles de mon choix devant le vieillard, il les fixe en silence comme s’il regrettait d’avoir à les céder et soudain, sans vous regarder, énonce un prix.