Film affligeant que ce Shoot on sight de Jag Muhdra, réalisateur anglais et musulman. Sous prétexte de dénoncer une fait divers, le meurtre par la police anti-terroriste d’un pakistanais innocent, il referme sur le spectateur un piège intellectuel en le forçant à prendre position face à une question, celle de la justice, envisagée d’un pont de vue manichéenn et religieux. La naïveté comme la propagande que nous subissons au quotidien par le fait des médias empêche de voir que le réalisateur installe au coeur de la démocratie une vision théocratique de la justice . Les personnages du drame, citoyens du Commonwealth devenus résidents anglais, sont tributaires d’une psychologie structurée par la foi. N’ayant, comme la plupart des musulmans, pas accès au texte sacré en raison de l’obstacle de la langue (l’arabe leur est inintelligible), ils se soumettent au discours doctrinal d’un imam qui mêle politique et religion, d’où une approche ritualisée et pauvre de la croyance. Dès lors est mise en place derrière le fait divers que narre le film une conversion des valeurs post-révolutionnaires de l’Europe à des principes antédiluviens relevant peu ou pour des guerres de religion. L’erreur rédhibitoire du spectateur qui cherche sa position morale face aux faits exposée est de prendre parti in fine pour le musulman intégré (il est commissaire de police, donc au service de Sa Majesté) contre une poignée de fanatiques qui revendique un islam de combat. Or c’est toutes les valeurs de la communauté qui devraient être niées, et je dirais, plus encore celles des musulmans visiblement intégrés car ces derniers étant majoritaires, ce sont eux qui , incapables de comprendre la laïcité, c’est-à-dire la mort de Dieu comme progrès fondamental de l’évolution humaine, réintroduisent dans les moeurs et la politique, une schéma de foi primitif.