Mois : novembre 2012

Il y a deux façons de détru­ire une ville: les bom­barde­ments et le con­trôle des loyers.

Ren­tré d’Av­i­la avec le texte sur les ver­ra­cos écrit dans la rue. En me ser­vant de la carte de la Manche, de la carte de la ville et des doc­u­ments du musée d’archéolo­gie, j’ai pu le met­tre au pro­pre en quelques séances de bib­lio­thèque et hier je suis allé voir G. afin de prévoir une ren­con­tre avec l’ingénieur qui a racheté des caiss­es de pièces du Mirage IIIC et a con­stru­it un avion dans son jardin. Ain­si prend forme ce livre organ­isé en trip­tyque qui fera pass­er le lecteur de la sculp­ture celte aux avions de chas­se de l’ar­mée suisse et à la pornographie.

Au silence mas­sif des monts qui sur­plombent le prieuré de Lhôpi­tal ont suc­cédé les voix et les rires qui s’élèvent de la rue du Criblet jusqu’à ma fenêtre de sorte que je vis et dors sur un bal­con de théâtre.

A Fri­bourg depuis six mois. J’habite au milieu des com­merces. La rue du Criblet est en impasse, l’ap­parte­ment au troisième. De l’autre côté de la rue le patron du Galopin tire des tables ron­des sur le trot­toir. Le matin un homme fume là, le soir une dame. Tous les jours, longue­ment, selon un horaire immuable. Sep­tem­bre tourne à la pluie, le patron du café bar descend le store, l’homme recule sa chaise. Octo­bre vient, la tem­péra­ture baisse, la femme passe une écharpe. Voici novem­bre. La dame ren­tre, pas l’homme. Un bon­net sur les oreilles, dès l’ou­ver­ture il prend place à sa table, dis­pose son paquet de cig­a­rettes, attend le café. Aupar­a­vant il ori­ente la table, met la chaise dans une posi­tion con­nue de lui seul. En été, si le hasard veut que la table soit occupé, il attend qu’elle se libère plutôt que de s’in­staller à la table voi­sine. Il a trente ans.

Les droits des étrangers. Quels droits? S’ils faut qu’il y ait des étrangers, com­mençons par énon­cer leurs devoirs.

Le temps régle­men­té du jeu est un temps per­du. Ven­dre­di G. organ­i­sait une soirée de jeux. Nous avons la société, pourquoi par­ticiperais-je à des jeux de société?