A Fribourg depuis six mois. J’habite au milieu des commerces. La rue du Criblet est en impasse, l’appartement au troisième. De l’autre côté de la rue le patron du Galopin tire des tables rondes sur le trottoir. Le matin un homme fume là, le soir une dame. Tous les jours, longuement, selon un horaire immuable. Septembre tourne à la pluie, le patron du café bar descend le store, l’homme recule sa chaise. Octobre vient, la température baisse, la femme passe une écharpe. Voici novembre. La dame rentre, pas l’homme. Un bonnet sur les oreilles, dès l’ouverture il prend place à sa table, dispose son paquet de cigarettes, attend le café. Auparavant il oriente la table, met la chaise dans une position connue de lui seul. En été, si le hasard veut que la table soit occupé, il attend qu’elle se libère plutôt que de s’installer à la table voisine. Il a trente ans.