Au théâtre pour la première fois depuis huit ans. Dès les premières répliques, je m’efforce de penser à autre chose. Je fixe des objets, fais un plan de travail, place mes rendez-vous, songe à mes lectures. Hélas je ne peux m’isoler tout-à-fait. Les éclats de voix, les mouvements brusques me ramènent à la pièce. L’ensemble est misérable, interprété sans corps et sans voix. Pas trace du spirituel. Ici et là le texte est coupé d’extraits des classiques: Shakespeare, Molière, Racine. Alors j’écoute et mesure mieux la déchéance de la langue, syntaxe sans musique ni équilibre, mots inappropriés aux idées qu’ils cherchent à exprimer, vulgarités de journalistes.