Lec­tures à la librairie du Rameau d’or. Arrivé avec retard par suite d’une infor­ma­tion erronée sur le lieu de la soirée je con­tourne les vit­rines pleines de livres. L’écrivain qui lit debout pour l’au­di­ence me tourne le dos. Mon va-et-vient attire les regards des per­son­nes assis­es. Enfin j’aperçois C, la représen­tante de l’Age d’homme. D’un signe j’es­saie de faire com­pren­dre que je vais dîn­er et reviendrai. Lorsque je reviens en com­pag­nie d’un cou­ple d’amis, il ne reste qu’un auteur, le libraire, deux ama­teurs et C. Nous gagnons un autre restau­rant. Six à table, puis sept. Ma capac­ité d’é­coute est vite frus­trée. Les dia­logues sont lents. Ils ne dis­cu­tent pas, ne débat­tent pas, ne fusent pas, ils traî­nent. Il ne mon­tent pas en inten­sité, ils s’ac­cor­dent. A ma droite l’un  des auteurs. Il présen­tait son roman. Regard per­du, présence non­cha­lante. S’il s’ex­prime sur l’écri­t­ure, c’est sans entrain. Peu d’én­ergie, peu d’ex­pres­sion. Phras­es sans méti­er, répliques molles. J’é­coute à droite, à gauche, j’é­coute le bout de table, je reviens à l’au­teur. Qui boit en silence. Oui, il ne reste qu’une option, boire. Pour se couper de cette demande pres­sante d’un dia­logue vif où jouer du fleuret. Ce que je fais. Je com­mande un tournée, èuis une sec­onde et une troisième tournée. La bière est tiède. Songe à , comme dit  Dans Le cré­pus­cule des idol­es Niet­zsche fustige la bière. Elle est repon­s­able de l’e­sprit grossier des étu­di­ants d’Alle­magne Aplatisse­ment des nerfs, qual­ités qui s’é­moussent, je préfère les imputés  àa lachimie qu’à la démo­bil­i­sa­tion de l’e­sprit. Et encore, il me sem­ble que je me noie avec trop de lenteur. Une heure, deux. Quand c’est fait, que je suis asez pâteux pour n’avoir plus toutes mes fac­ultés de répar­tie, les gens se sépar­ent, vonj se couch­er, et je demeure seul.