L’aile du DC 9 de West­ern Air­line est rafis­tolée. Je sig­nale à mon frère une planchette clouée et enduite d’un mas­tic vert. Tra­vail fruste, au doigt. je plaque mon vis­age con­tre le hublot. L’om­bre de l’ap­pareil se détache sur le fond ter­reux du Neva­da. Vingt heures de vol depuis Genève, en deux étapes, Lon­dres et Los Ange­les. Les enfants dor­ment. L’hôtesse apporte de la bière et des glaçons. L’aile trem­ble. Il est dix-sept heures, il fait trente degrés. En bas, sur de longues routes qui filent entre les météorites, des picks-up. Dans mon dos, un noir fait du grain à une blonde. Je ne les vois pas, je les entends. Lui surtout. (Dans ces moments, l’homme ne peut que par­ler). L’en­t­hou­si­asme du noir est sans lim­ites. Nous ne sommes pas arrivés à Las Vegas, il est déjà gagnant.